• <<  Feeling high  >>

     

    Je me sens haut. Je me sens haute.

    Haut ? Haute ?

     

    Je monte, je monte, haut, haut, encore et encore !

     

    Le bonheur me brûle mais il est trop tard maintenant pour faire machine arrière.

     

    Quitte à monter,

    Quitte à s’envoler,

    Quitte à quitter la terre,

    Quitte à quitter la réalité,

    Quitte à flirter avec les cieux,

    Quitte à tutoyer les astres,

    Stratosphère-moi de tes mots, de tes yeux, de tes mains

    Quitte à voler, autant se brûler tout à fait,

    Le cœur et le corps septième-cielisé, en orbite autour de toi

     

     

    Enviole-moi, loin de cette pha(ta)llus(té) qui call out ma peau

     

     


  •                 L’instant d’avant tout était beau, tout était calme, tout était doux et sensible… du bronze, du plâtre, du papier, de la lumière. Envol des barrières, jardin ouvert, porte grande ouverte pour t’accueillir et pour m’offrir sans plus de retenue, là, dans cette enfance évanouie à l’émotion floue.

    La minute juste avant.

     

                    Et soudain le basculement. A la fois brutal et très lent, une chute au ralenti.

    Comme sentir le nuage cotonneux moelleux sur lequel je m’étais abandonnée, comme le sentir s’étioler. Ressentir dans le même temps et dans le même mouvement le début de la chute, la peur de la chute, la béance de la plaie et le retour de la dureté.

     

    Mais la beauté est encore là, tout autour, et dedans, aussi. Je m’y agrippe pour ralentir, pour tenter tant bien que mal de retarder le mal.

     

    Tombera ? Tombera pas ?

    Je veux savoir ! – Non ! surtout pas !

    Dis-moi tout – Non, ne me rassure pas.

     

                    Quand la chute a commencé, quand elle continue, quand plus rien ni personne ne la ralentit ni ne l’empêche ni ne me retient…

    ... Reboot l’univers

    ... Reboot le monde

    ... Reboot mon monde

    ... Reboot mon moi

    ... Reboot moi

     

                    Réinitialise moi, redonne moi des initiales, un début pour remplacer la fin.


  •                 S’il te plaît… laisse-moi sortir…

    Des siècles que je suis là, prisonnier, à ta merci, à la merci de ton désir de faire de moi un être humain. Ou un animal, quand il te prend de vouloir le faire parader à quatre pattes, laisse au cou, au concours du meilleur esclave, avec des camarades de folie.

    Folie ? Peut-être est-ce moi qui suis fou, de continuer de croire que chaque vivant mammifère bipède non velu - chaque singe nu - peut prétendre à diriger sa vie, à tenir la barre de sa destinée. C’est ma folie car enfin autour de moi je ne peux que constater que nul ne conteste l’ordre établi. Or la folie est tout ce qui ne fonctionne pas à l’image de la majorité, n’est-ce pas ?

    La majorité a toujours raison. La majorité est la raison.

     

    ~~~

     

                    Parfois, tu fais de moi un objet. Suis une lampe. Et des heures durant ma voilà immobile, silencieux, debout, éclairant ton livre, ton bureau ou un pan de mur. Je ne dois pas cligner des yeux, tu as horreur des chutes de tension. Des larmes, en nombre, viennent tenter d’hydrater mes globes oculaires luminescents. Tu me déplaces quand la flaque à mes pieds menace l’intégrité de ton parquet marqueté.

    Je serai tout pour toi. Car tu es mon maître et que je t’appartiens. Mon sort est somme toute enviable, tu apprécies les prestations que je te fournis. Tu es content de moi. Et je m’efforce de te satisfaire. Car si un jour je ne remplis plus mon rôle à la perfection tu me remiseras. Et alors, seul, sans maître, qui me dira qui je suis ? ce que je dois faire ? ce que je dois être ? Que deviendrai-je sans personne pour me définir ?

    Seul, je ne suis rien. C’est ton regard, ce sont tes injonctions, c’est mon appartenance à toi qui définissent ce que je suis et ce que je vaux.

    Existerais-je seulement, sans ton regard sur moi ? C’est le chat de Schroedinger. Si on ne le voit pas, on ne peut savoir s’il est ou n’est plus. Donc on peut dire qu’il est et qu’il n’est plus. Le chat lui-même, dans sa boîte, caché aux regards, le chat lui-même peut-il définir s’il est ou s’il n’est pas ?

     

    C’est la place et le rôle que tu me donnes qui me définissent. Quand bien même voudrais-je contester cette place et ce rôle, j’ai besoin que tu me les attribues afin de m’y conformer ou de m’y opposer…



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