• Et la tendresse, bordel ?...

    La voix est là. Invariablement, déversant monocorde quantité d'informations au choix dramatiquement tristes ou tragiquement consuméristes. Bientôt Noël, achetez des Légo pour oublier que les morts sont légions. Ayez peur, achetez pour oublier que avez si peur, des autres, de tout, de vous ?

    La voix est là, au fond, en fond. Mais derrière la voix, plus loin, ténue, cette musique... Les notes se fraient un chemin jusqu'à moi. Les esgourdes mélomanes s'engouffrent, s'emplissent et se saturent de la mélodie qui semble s'être rapprochée.

    Parle, débite, ânonne, pour qui tu veux, moi je ne suis plus là...


  • <<  Feeling high  >>

     

    Je me sens haut. Je me sens haute.

    Haut ? Haute ?

     

    Je monte, je monte, haut, haut, encore et encore !

     

    Le bonheur me brûle mais il est trop tard maintenant pour faire machine arrière.

     

    Quitte à monter,

    Quitte à s’envoler,

    Quitte à quitter la terre,

    Quitte à quitter la réalité,

    Quitte à flirter avec les cieux,

    Quitte à tutoyer les astres,

    Stratosphère-moi de tes mots, de tes yeux, de tes mains

    Quitte à voler, autant se brûler tout à fait,

    Le cœur et le corps septième-cielisé, en orbite autour de toi

     

     

    Enviole-moi, loin de cette pha(ta)llus(té) qui call out ma peau

     

     


  •                 L’instant d’avant tout était beau, tout était calme, tout était doux et sensible… du bronze, du plâtre, du papier, de la lumière. Envol des barrières, jardin ouvert, porte grande ouverte pour t’accueillir et pour m’offrir sans plus de retenue, là, dans cette enfance évanouie à l’émotion floue.

    La minute juste avant.

     

                    Et soudain le basculement. A la fois brutal et très lent, une chute au ralenti.

    Comme sentir le nuage cotonneux moelleux sur lequel je m’étais abandonnée, comme le sentir s’étioler. Ressentir dans le même temps et dans le même mouvement le début de la chute, la peur de la chute, la béance de la plaie et le retour de la dureté.

     

    Mais la beauté est encore là, tout autour, et dedans, aussi. Je m’y agrippe pour ralentir, pour tenter tant bien que mal de retarder le mal.

     

    Tombera ? Tombera pas ?

    Je veux savoir ! – Non ! surtout pas !

    Dis-moi tout – Non, ne me rassure pas.

     

                    Quand la chute a commencé, quand elle continue, quand plus rien ni personne ne la ralentit ni ne l’empêche ni ne me retient…

    ... Reboot l’univers

    ... Reboot le monde

    ... Reboot mon monde

    ... Reboot mon moi

    ... Reboot moi

     

                    Réinitialise moi, redonne moi des initiales, un début pour remplacer la fin.


  •                 S’il te plaît… laisse-moi sortir…

    Des siècles que je suis là, prisonnier, à ta merci, à la merci de ton désir de faire de moi un être humain. Ou un animal, quand il te prend de vouloir le faire parader à quatre pattes, laisse au cou, au concours du meilleur esclave, avec des camarades de folie.

    Folie ? Peut-être est-ce moi qui suis fou, de continuer de croire que chaque vivant mammifère bipède non velu - chaque singe nu - peut prétendre à diriger sa vie, à tenir la barre de sa destinée. C’est ma folie car enfin autour de moi je ne peux que constater que nul ne conteste l’ordre établi. Or la folie est tout ce qui ne fonctionne pas à l’image de la majorité, n’est-ce pas ?

    La majorité a toujours raison. La majorité est la raison.

     

    ~~~

     

                    Parfois, tu fais de moi un objet. Suis une lampe. Et des heures durant ma voilà immobile, silencieux, debout, éclairant ton livre, ton bureau ou un pan de mur. Je ne dois pas cligner des yeux, tu as horreur des chutes de tension. Des larmes, en nombre, viennent tenter d’hydrater mes globes oculaires luminescents. Tu me déplaces quand la flaque à mes pieds menace l’intégrité de ton parquet marqueté.

    Je serai tout pour toi. Car tu es mon maître et que je t’appartiens. Mon sort est somme toute enviable, tu apprécies les prestations que je te fournis. Tu es content de moi. Et je m’efforce de te satisfaire. Car si un jour je ne remplis plus mon rôle à la perfection tu me remiseras. Et alors, seul, sans maître, qui me dira qui je suis ? ce que je dois faire ? ce que je dois être ? Que deviendrai-je sans personne pour me définir ?

    Seul, je ne suis rien. C’est ton regard, ce sont tes injonctions, c’est mon appartenance à toi qui définissent ce que je suis et ce que je vaux.

    Existerais-je seulement, sans ton regard sur moi ? C’est le chat de Schroedinger. Si on ne le voit pas, on ne peut savoir s’il est ou n’est plus. Donc on peut dire qu’il est et qu’il n’est plus. Le chat lui-même, dans sa boîte, caché aux regards, le chat lui-même peut-il définir s’il est ou s’il n’est pas ?

     

    C’est la place et le rôle que tu me donnes qui me définissent. Quand bien même voudrais-je contester cette place et ce rôle, j’ai besoin que tu me les attribues afin de m’y conformer ou de m’y opposer…


  • J’avais imaginé raconter la douceur, contre la froideur

    J’avais imaginé raconter le corps qui danse contre le cerveau qui pense

    J’avais en tête, en cœur, l’émotion belle et la sensation-elle qui emportent, qui l’emportent contre la pensée, le souvenir, la connaissance

    N’être plus que soi, que sens, au présent

    Refuser l’autre, le savoir, l’hier et le demain

     

     

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    ILS EN ONT TUE COMBIEN ET ENCORE ICI QU’EST-CE QUE ÇA REPRESENTE QUAND TU VOIS LES AUTRES LA-BAS LES PAUVRES CHEZ EUX C’EST QUOTIDIEN C’EST MORT SUR MORT C’EST PEUR ET COMBAT POUR NE PAS AVOIR PEUR C’EST LA VIE A TOUT PRIX ET LE RISQUE DE MORT A CHAQUE COIN DE RUE EN ALLANT AU MARCHE EN ALLANT A L’ECOLE EN MARCHANT DANS LA RUE EN PRIANT EN REVANT EN

     

    *********************************************************     de l'air !!!    ********************************************************************

     

    C’EST PEU EN CHIFFRE MAIS C’EST BEAUCOUP AUSSI ON NE PEUT PAS TOUJOURS SE COMPARER AUX AUTRES AU PIRE IL Y A TOUJOURS PIRE C’EST HORRIBLE OUI ET INSOUTENABLE MAIS CHACUN DOIT-IL PORTER TOUT LE MALHEUR DU MONDE POUR LEGITIMER SON EXISTENCE ON A AUSSI LE DROIT PEUT-ETRE DE VIVRE HEUREUX OU DISONS JOYEUX ET PUIS RIRE OUI C’EST ÇA AVOIR LE DROIT DE RIRE ET D’OUBLIER L’ATROCITE DU MONDE PARCE QU’ON LE SAIT QU’ELLE EST LA QU’ELLE EXISTE ON LA PREND DANS LA GUEULE MAIS SI ON NE RIT PAS ALORS ON SOMBRE ON NE RESISTE PAS ON EST ANEANTI PAR CETTE SALOPE D’ATROCITE DU MONDE ON EN CREVE ON EN

     

    *********************************************************     de l'air !!!    *******************************************************************

     

    IL Y A LES FOUS DANGEREUX DE L’AUTRE BOUT DU MONDE IL Y A LE FOU DANGEREUX DU COIN DE LA RUE IL Y A LE RESEAU D’EMBRIGADEMENT  ET DE FORMATION DE FOUS DANGEREUX ICI LA-BAS DANS LE QUARTIER D’A COTE ET DANS LES PAYS DE L’AUTRE COTE IL Y A LES FICHES S IL Y A LA SURVEILLANCE IL Y A  VIGIPIRATE IL Y A LES PERQUISITIONS IL Y A LES BOMBARDEMENTS IL Y A LA GUERRE IL Y A LA NON GUERRE IL Y A LES INFORMATIONS IL Y A LES EDITIONS SPECIALES IL Y A LES EMISSIONS EN DIRECT IL Y A LES TEMOIGNAGES IL Y A LES ANALYSES IL Y A LES PRONOSTICS IL Y A LA PEUR LE SANG LES LARMES  LES MORTS SUR TOUTES LES CHAINES DANS TOUTES LES BOUCHES IL Y A

     

    *********************************************************     de l'air !!!    ****************************************************************

     

    ET PUIS LE BLEU DES BLONDES LE BLEU DEGUEU QUI SE VEUT MARIN LE BLEU QUI COULE QUI SE REPAND QUI DEGOULINE QUI CONTAMINE LE BLEU VOMI ET LE BLEU GUEULE DE BOIS A SE DEMANDER CE QU’ON FOUT LA CE QUI MERDOIE POUR QU’AUTANT SE NOIENT DANS CE PRESQUE NOIR ANTI NOIR ANTI TOI ANTI MOI ANTI TOUT CE QUI N’EST PAS BLEU ANTI CE QUI NE CROIT PAS EN LA BONNE CROIX ANTI

     

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    * * *

     

     

     

    un jour, c'était un jeudi, j'ai vu le soleil entrer dans une cabane 

    Trois tapis de gym dressés en guise de murs, un drap bleu ciel posé sur l’ensemble, en guise de toit. Elle entre à ma suite. Je suis assise. Elle s’accroupit près de moi. « On est bien dans ta cabane ». Son visage tourné un instant vers le mien, elle sourit de toutes ses dents, de tous ses yeux, de tout son corps, de tout son Xième chromosome trop fragile, elle, recroquevillée et soudain solaire, ses yeux dans les miens, elle sourit… et moi aussi.

     

     

    * * *

     

     

     

    un soir, c'était un samedi, j'ai senti l'univers entrer dans une paume

    La main se pose sur ma joue. Elle est chaude. Le pouce caresse ma pommette. Je ferme les yeux. Dans la chaleur de cet asile, je blottis tous mes rêves, tous mes espoirs, tout mon amour. Sous la douceur de ce pouce, j’abandonne toutes mes défenses, toutes mes armes, tout mon courage. Le monde entier est dans cette main… et je souris.

     

     

     

    * * *

     

     

     

    Un matin, c'était un dimanche, j'ai vu l'amour se glisser dans un sandwich

    En premier, je me suis allongée. Ensuite elle s’est envolée sur mes pieds. A son tour il s’y est assis, jambes repliées. Ils ont frémi, je les ai rassurés. Ils ont bien ri, je les ai lâchés et ils m’ont écrasée. La chair de ma chair sous ma chair, sur ma chair…. Un sandwich familial. Nous nous sommes empilés, nous nous sommes bidonnés, nous nous sommes photographiés, nous nous sommes tournés, croisés, tirés, glissés, et nous avons éclaté… de rire.

     

     

     

    * * *

     


  • Mardi 23 février. L'air glacial pique le visage. Emmitouflée dans deux tours d'écharpe, je tente vainement de protéger mon sourire de l'agressivité hivernale. Car tout en moi est soleil et joie. Le pas rapide, l'allure fière, le déhanchement féminin et quelques mouvements de mes doigts dansant dans l'air. Les écouteurs, soustraits à la vue des passants, me ramènent aux instants joyeux d'un concert de Thomas Fersen. Je m'empêche de danser sur le pavé, retenue par les entraves des conventions sociales... mais ces deux notes d'orgue, piquantes et pétillantes méritent bien d'être saluées par un furtif pas de deux de mes index gantés et un discret mouvement de tête ! Sans préméditation, mon pas s'accorde au rythme de la musique... Monsieur est un assassin, quand il est morose... Droite, gauche, droite, gauche, - tilit ! - Je bats le pavé, rapide et joyeuse, vers le lieu pour lequel je viens de signer vingt ans d'asservissement volontaire à la banque postale, service de crédits immobiliers 33752 Bordeaux Cedex 9. La clé est dans ma poche. Objet de désir et de convoitise, s'il en est, depuis que l'agent encravaté m'a introduite là-bas. Là-bas, ici. Ça y est, je suis au pied de l'immeuble, ancien, tout de brique vêtu. Je pousse la lourde porte, fais deux pas en avant, un de côté et laisse le vieux bois m'isoler de la rue. Thomas se tait. Je reste là, droite, immobile, dans ce hall sombre et froid. D'un pas lent en arrière, je profite du soutien de l'antique porte. J'entends au loin l'écume chuchotante d'une vague d'émotion. Elle approche. Je l'attends. Je l'accueille. Elle est là. Grande. Haute. Eclatante. Lumineuse. Sublime. Débordante. Je souris et je pleure. Et savoure. Le temps a perdu sens, prise et mesure. Je reste là... une éternité, ou une seconde peut-être. Monte alors du plus profond de mes entrailles le besoin de m'y glisser. Je laisse là la torpeur et, deux à deux, survole les marches de l'escalier. Premier étage. Elle me fait face, me toise, me domine, me séduit de ses reliefs et m'appelle de sa métallique poignée centrale. D'une main je saisis le pommeau noir, de l'autre glisse lentement la longue clé dans l'ouverture de la serrure. Une clé ancienne, élégante, loin de la courte vulgarité des serrures modernes. Non, cette clé est patinée par les mains qui se sont agrippées à elle. Sa forme est gracieuse et gracile. Son métal se réchauffe instantanément au contact de la main émue qui commence à la faire tourner. Ferme et caressante, impatiente et tremblante, ma main est à l'image de tout mon être. « clac ». Voilà. J'y suis. Je vais pouvoir tourner le rond pommeau travaillé et pénétrer notre fantasme. J'attends un instant, suspendue dans une hésitation. Une première fois vit et meurt au même instant. La magie du moment que je m'apprête à vivre va naître et mourir dans la même seconde. Je ferme les yeux, inspire profondément, soupire ensuite de tout mon corps.... Ouvre les yeux, serre et tourne le précieux sésame. Déverrouillée, lâchée et comme libérée, la porte s'ouvre largement. Je pénètre à pas lents et bruyants, sur les lames du parquet ancien. Très lents. Le papier qui habille les murs a le charme désuet des anciennes exubérances végétales, tout en contraste et en élégance, sans vulgaires couleurs criardes. Les rectangles aux tons plus soutenues témoignent des âmes qui avant moi se sont lovées dans cet appartement. C'est ici. À un mètre à droite de la porte. J'avais eu alors tout le loisir de m'imprégner des motifs du papier peint, alors que tu glissais ta main douce et experte dans l'ouverture de mon jean. Une main vers mon plaisir...

     

     


  • Qu'il est dur certains soirs de trouver les mots justes. A vouloir trop en dire, on ne dit plus rien.

    Où comment vider de sens une page remplie de mots.

     

    parfois si peu suffit à dire tant.

     

    c'est la douceur d'un "je t'aime"

     

    et la magie d'un "lekh-lekha"

     

    car Lekh-lekha est une formule magique. dans ce "va pour toi" ou "va vers toi", tout y est :

    le mouvement

    l'accomplissement

    l'introspection

    le mouvement en soi

    le mouvement vers soi

    le mouvement vers l'avant

    l'évolution

    la progression

    le grandissement

    la construction de soi - par soi  - pour soi

    la bienveillance envers soi

    le respect de soi

    l'amour de soi

     

     

     

     

     

     

     

     

     

                                                                                                               LEKH-LEKHA

     

     

     

     

     

     

     


  • Parfois, la vie est une chiennasse.

    Quand elle abandonne, quand elle plie bagages, quand elle offre en pâture à l'Ankou celui qui est aimé, celle qui aime, celui qui vit si fort, celle qui a encore tant à dire..

    Vie et mort jouent nos âmes au poker. Nous, pions misérables sur le tapis vert du destin.

    Vert...

    Vert comme l'espoir ?       Je ris !!!

    Vert comme le pu ! Vert comme l'infâme ! Vert comme la peur ! Vert comme le dégoût !

            Vert comme la rage !!

    Entends cette colère sourdre !

    Entends la colère vaine d'un pion inerte et impuissant, contre les chiens qui se jouent de lui !

     

     

                  Il est des jours où je te vomis, la vie.

     

     

     


  • Bientôt, le corps ne sera plus.

    Déjà, l'esprit est en partance.

    Mais le cœur, lui, vois comme il bat ! Comme il se bat !

    Ces deux-là sont unis comme jamais,

    Leur amour se vit,

    leur amour se touche,

    leur amour se dit, et s'écrie, et s'écrit...

    Ils sont si beaux d'être droits et unis dans leur tragédie !

    Il sera étoile, elle restera couleur.

    Ses larmes seront bigarrées, à l'image de sa vie, de sa voix, du cliquetis de ses nombreux bijoux sur ses vêtements criards...

    criards ?... criants ! criants de vie ! de joie ! de fantaisie !

     

     

               Puisse la fantaisie survivre à la tragédie 

     

     

     


  • D'abord la blanche apparition. Légère, fluide, souple.

     

    Puis de l'eau... de l'eau partout... en gouttes délicates et en graves tourbillons

     

    De l'eau encore, en mouvement, un flot... un flot d'émotion - emmenée, embarquée, noyée, naufragée des trombes de notes.

    ...

    Et des silences.

    ...

    suspensions

    ...

    suspendue à ses doigts

    furent-ils dix ?

    furent-ils mille ?

    rapides, légers, volant, glissants, surfant...

     

     

    Grandeur et magie de l'instant

     

                         -silence-

     

    ne plus entendre, maintenant.

     

     pas un mot       pas un son

            pas tout de suite

     

     





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